Bonne nouvelle pour les emprunteurs : la France emprunte à des taux négatifs !

L’État français est actuellement payé pour emprunter ! Ce scénario en apparence improbable est pourtant réalité. L’OAT 10 ans, l’emprunt obligataire sur 10 ans, est rapidement passé sous 0% avant de se stabiliser, ce qui laisse entrevoir de nouvelles baisses des taux d’intérêt des crédits immobiliers.

Record pour l’OAT 10 ans 

Pour la première fois de son histoire, le taux français à 10 ans est passé brièvement en zone négative. Mardi 18 juin, il a titré -0,02% avant de remonter à 0,04%, après avoir oscillé entre 0,15% et 0,10% tout le mois de juin. Même temporaire, ce passage sous 0% est pour le moins marquant. A contrario de l’Allemagne, jamais la France n’avait connu auparavant de taux obligataires négatifs sur cette durée. Comment s’explique ce phénomène ?

Le même jour, à l’occasion du Forum annuel de Sintra au Portugal, le président de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi, déclarait que de nouvelles baisses de taux directeurs, y compris une reprise du programme d’achat massif d’obligations, étaient toujours des outils à sa disposition pour atténuer l’absence d’amélioration de l’inflation. Une annonce inattendue qui a déclenché la plus forte baisse quotidienne des rendements longs au sein de la zone euro. Pour mémoire, la BCE s’était fixée un objectif d’inflation en zone euro à 2%, une cible qu’elle n’a jamais atteinte depuis 2013. Le taux annuel en mai 2019 s’est établi à 1,2%, une décélération nette et plus marquée que prévu, loin de 1,7% du mois d’avril.

Les propos de Mario Draghi ont été immédiatement suivis d’effets : recul de l’euro face au dollar (et tweet de Donald Trump dans la foulée), niveau bas historique pour le Bund allemand et schéma similaire pour le rendement de l’obligation du Trésor français (OAT 10 ans). La France rejoint ainsi l’Autriche, la Suède, les Pays-Bas et l’Allemagne parmi les pays où les investisseurs sont prêts à payer pour prêter…ou à prêter à un taux quasiment nul. Une partie de la dette française, jusqu’à 6 ans, est en territoire négatif, « une aberration intellectuelle » pour Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France.

C’est pourtant une bonne nouvelle pour l’État Français qui peut financer ses projets et minimiser la charge de la dette. C’est en revanche un mauvais signe pour les perspectives économiques, les taux bas témoignant d’une réelle fragilité et d’une baisse de revenus pour l’État. C’est aussi une incitation forte à s’endetter, ce qui est plutôt inquiétant pour la dette publique française déjà proche de 100% du PIB. Les épargnants français sont aussi perdants, car cet environnement va toucher aussi les rendements de l’assurance vie et des livrets bancaires.

Quelles incidences sur les taux des crédits immobiliers ?

Les banques déterminent les taux fixes de leurs crédits immobiliers en s’appuyant sur l’emprunt obligataire de l’État français sur 10 ans. Si ce dernier augmente, les taux de crédits augmentent ; s’il baisse, ils suivent le même mouvement. Le 19 juin, l’OAT 1O ans titrait 0,05%. La chute est vertigineuse depuis le début de l’année (0,70% le 9 janvier) ; il faut remonter à février 2018 pour retrouver une valeur à 1%. Le reflux de l’OAT a permis aux taux des crédits immobiliers d’afficher un nouveau record : en mai dernier, le taux moyen toutes durées confondues s’établissait à 1,29%, battant le seuil plancher de novembre 2016 (1,33%).

Cette ultime contraction du taux obligataire va engendrer de nouvelles diminutions des taux d’intérêts des prêts immobiliers. Quitte à diminuer leurs marges déjà faibles sur le crédit à l’habitat, la plupart des banques devraient ajuster prochainement leurs barèmes, offrant aux emprunteurs et à ceux qui détiennent déjà un crédit une formidable opportunité de s’endetter à moindres coûts. Selon le courtier Vousfinancer.com, les établissements bancaires vont en effet préférer prêter à taux faibles aux particuliers plutôt que placer leurs liquidités à rendement négatif auprès de la BCE. Les courtiers estiment pour leur part que les taux sous la barre de 1% devraient devenir la norme.



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