Immobilier : les Français se ruent sur le crédit pour profiter des taux faibles

+ VIDEO. La production de crédits immobiliers a dépassé les 37 milliards d’euros en janvier, un niveau jamais atteint.
Les ménages empruntent tant que les conditions restent favorables, mais le deuxième semestre devrait être plus calme.

 

Se ruer sur l’opportunité avant qu’elle ne disparaisse. Les Français, littéralement dopés aux crédits bon marché font inlassablement le siège de leur agence bancaire ou des courtiers en crédits. En début d’année, les chiffres du crédit se sont une nouvelle fois envolés vers la stratosphère. La production de nouveaux crédits a ainsi atteint 37,4 milliards d’euros pour le mois de janvier, selon les dernières données de la Banque de France. C’est non seulement du jamais vu, mais c’est surtout à une incroyable accélération que l’on assiste : depuis juillet 2016, et ses 21 milliards d’euros empruntés, la production de nouveau crédit crève chaque mois un nouveau plafond histo­rique. Le score atteint en janvier dépasse ainsi de… 4 milliards d’euros celui de décembre. Pour mémoire, l’année 2016 dans son ensemble restera dans les annales de la profession , avec un niveau d’activité dépassant – et de loin – les niveaux d’avant crise.

 

Comment expliquer cet engouement ? Les emprunteurs craignent tout simplement que les conditions de taux – exceptionnellement favorables depuis l’an dernier – ne finissent par disparaître. Déjà les taux de crédit commencent à remonter (voir ci-dessous), rendant les ménages pressés de conclure l’achat d’un logement ou d’obtenir le rachat d’un crédit déjà en cours de remboursement. Les opérations de rachat – qui permettent de faire diminuer les mensualités ou de ­raccourcir le nombre d’années du prêt – ont représenté 62 % de la ­production totale en janvier .

 

EN VIDEO. Prêts immobiliers : c’est le moment d’en profiter, les taux devraient remonter rapidement !

Accélération des prix

La demande de crédit va-t-elle se poursuivre à une telle cadence ? Les chiffres de janvier sont à relativiser, puisqu’ils correspondent à des ­projets immobiliers d’il y a trois ou quatre mois. « Mais, sur les deux premiers mois de l’année, les demandes que nous intégrons restent dynamiques, en hausse de 25 % sur un an », affirme Philippe Taboret. Même son de cloche chez Vousfinancer.com qui revendique « cinq fois plus de demandes qu’il y a un an en janvier et trois fois plus en février ». De quoi, a priori, assurer encore une belle dynamique dans les trois prochains mois. Mais après ? Pour l’heure, les rachats de crédit forment un ­puissant moteur. Mais il va progressivement ralentir, à mesure que les clients concernés restructurent leur crédit. Quant aux crédits correspondant effectivement à une acquisition immobilière « ils accélèrent, mais pas assez vite pour compenser la baisse progressive des rachats », estime Cécile Roquelaure, directrice de la communication d’Empruntis.

De fait, les taux ont été si faibles, que les prix de l’immobilier ont recommencé à accélérer dans les zones les plus demandées par les acquéreurs… ce qui pourrait à ce moment-là évincer certains candidats à l’achat ayant les reins moins solides. La deuxième moitié de 2017 pourrait donc être plus calme. D’autant qu’une autre grande ­inconnue se profile, avec l’élection prési­dentielle : un résultat anxiogène pourrait propulser les taux de crédit à des niveaux bien plus élevés , et stopper net l’élan actuel. Les périodes électorales sont réputées ­calmes sur le marché immobilier, dans l’attente d’éventuelles mesures fiscales ou en faveur du logement. L’année 2017 fait visiblement exception, pour l’instant.



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